LES HELICOPTERES DE L'AERONAUTIQUE NAVALE |
HISTOIRE DES HELICOPTERES DANS LA MARINE
L'AVENEMENT DE L'HELICOPTERE DANS LA MARINE A l'issue de la seconde guerre mondiale, l'hélicoptère, inventé dans sa forme actuelle par Igor Sikorsky, va connaître des développements spéctaculaires. La Marine, alors en pleine reconstruction après ses déboires de la guerre, va suivre le mouvement et se doter à son tour de voilures tournantes. La première utilisation qui va être faite de l'hélicoptère est le sauvetage en mer, de jour, à partir des porte-avions (jusque là, c'était un escorteur qui tenait le rôle de sauveteur... ). En 1951, pendant l'armement et l'entraînement du porte-avions La Fayette aux Etats-Unis, c'est un Piasecki HUP-2 piloté par des Américains qui assure cette mission. En même temps, la Marine reçoit ses premiers Bell. En août 51, l'Arromanches embarque un Sikorsky S-51 avec équipage français. En octobre 1951, est créée la première formation d'hélicoptères à Saint-Mandrier : la 58 S, destinée à former les pilotes de la Marine avec des Bell 47 (de 1951 à 1960), des S-51 (de 1951 à 1953) puis des HUP-2 (de 1953 à 1959). En 1954, la 58 S s'installe à Saint-Raphaël où elle est dotée de H-19, S-55 et d'Alouette II. La 58 S disparaîtra en 1960. En 1954, est créée la 23 S, à Saint-Mandrier, avec des Piasecki HUP-2. Elle remplit des missions de sauvetage en mer le long du littoral, à bord du porte-avions, de liaison et d'évacuations sanitaires. En 1955, les événements d'Algérie commencent. La Marine y envoie deux sikorsky S-55 affectés à la 10 S au sein de la formation interarmées, le GH2 (Groupement hélicoptères 2). En 1956, la flottille 31 F est créée et dotée des célèbres "bananes", les H-21, hélicoptères bi-rotors. La 33 F naît en juin 1957 avec des H-19 et la 32 F en janvier 1958 avec des Sikorsky HSS-1. A partir de 1960, les HSS équipent les trois formations : 31, 32 et 33 F formant le Groupement d'hélicoptères de l'aéronautique navale n°1 (GHAN 1).
LA GUERRE D'ALGERIE (1955-1962) Avant la guerre, l'aéronautique navale était déjà présente sur le sol du département par la base de Lartigue près d'Oran. Elle va mettre en oeuvre pendant le conflit des avions et aussi des hélicoptères. Les deux premiers hélicoptères à intervenir en Algérie sont deux Sikorsky S-55 détachés à titre expérimental à Sétif, en 1955, au sein d’un groupement interarmées, le GH 2. En 1956, la flottille 31 F est créée en Algérie. Avec ses H 21, elle assure le transport d’assaut des troupes de l’armée de terre. En 1957, c’est la 33 F qui est créée suivie en 58 de la 32 F. Elles sont équipées de HSS (provenant soit de Sikorsky, soit de Sud-Aviation qui produit sous licence ce type de machines). Constitué de la 33 et de la 31 F, le GHAN 1 (Groupement d’hélicoptères de l’aéronautique navale n°1) est crée le 1er novembre 1957 à Lartigue pour assurer leur commandement opérationnel. La 32 F rejoint le GHAN 1 dès sa création. Pendant tout le conflit algérien, les formations d’hélicoptères de l’aéronavale vont sillonner le ciel algérien. Elles coopèrent étroitement à partir de 1958 avec les commandos de la Marine formant un binôme d’une redoutable efficacité. En 1962, à la fin de ce conflit, le GHAN 1 aura totalisé plus de 16000 heures de vol. Il aura perdu 7 hélicoptères et 13 membres d’équipage. Tableau des formations au 1er janvier 1963
LES HELICOPTERES DE LA MARINE DE 1963 A 1992 Dès la fin des années 60, une nouvelle orientation se dessine dans l’emploi des hélicoptères. Jusqu’alors, ils opéraient en flottilles constituées à partir de la terre ou de bâtiments spécialisés. Avec la mise en service de nouveaux bateaux, l’embarquement d’un ou deux hélicoptères sur les bâtiments de surface se généralise. Les hélicoptères sont alors considérés comme composante du système d’armes pour la Lutte ASM ou la lutte ASF. Opérations :
Les bateaux : La Jeanne d’Arc entre en service en 1962. Elle ne sera jamais utilisée en temps que porte-hélicoptères pur (capacité d’une dizaine de machines) mais comme navire-école (la tranche " école " occupant un tiers des installations aviation, le nombre de machine chute à six). En 1969, et jusqu’en 1974, date de son désarmement, l’Arromanches est utilisé comme porte-hélicoptères pouvant mettre en œuvre des HSS. Au début des années 70, une étude de porte-hélicoptères nucléaire de 19000 tonnes et 200 m de long (25 machines) est lancée pour remplacer le vieux porte-avions reconverti. La construction devait commencer en 1976 et le projet est abandonné en 1977 pour donner naissance au futur PAN Charles de Gaulle. Les premières expérimentation d’hélicoptère embarqué sur frégate datent de 1962-63 sur l’escorteur d’escadre, la Galissonnière qui a été doté d’un hangar déployable et d’une plate-forme. Devant le succès de cette expérience, la Marine décide de généraliser l’emport de l’hélicoptère à tous ses futurs navires de combat et sur ses bâtiments auxiliaires. Les hélicoptères : En 1965, 31, 32 et 33 F sont dotées de HSS-1 (version ASM pour 31 et 32 F et version commandos pour la 33 F). En 1966, le Super Frelon entre en service à la 27 S en version cargo pour l’escadrille de soutien et servitudes du centre d’expérimentation du Pacifique. Il arme ensuite la 32 F en version ASM à partir de 1970 puis en 1979, la 33 F en version de transport et sauvetage. La version ASM est supprimée en 1981. En 1978, apparaît le Lynx conçu pour l’ASM et l’ASF. Il équipe la 31 F puis la 34 et même la 35 F qui embarquera des Lynx durant les campagnes de la Jeanne d’Arc. Pendant 25 ans, l’Alouette II et l’Alouette III équipent principalement la 22 et la 23 S. Mais en février 1990, des Dauphins deviennent pédros de jour et de nuit à la 23 S sur le porte-avions. Tableau des formations au 1er août 1992
LES OPERATIONS EXTERIEURES DE 1963 A 2001 Les expérimentations nucléaires dans le Pacifique à partir de 1966 : En 1965, en vue des premières expérimentations nucléaires qui doivent se dérouler à Mururoa à l’été 1966, le Gouvernement décide d’envoyer dans le Pacifique une force aéronavale articulée autour d’un porte-avions, la force ALFA. Cette force comprend initialement le Foch, de escorteurs d’escadre et un pétrolier-ravitailleur. Son groupe aérien se compose d’avions, de 10 HSS-1 de la 31 F, 6 Alouette II et 6 Alouette III de la 23 S. La force ALFA appareille de Toulon le 23 mars 1966 pour arriver à Tahiti le 22 mai afin d’assister aux premières explosions nucléaires (2 juillet, 19 juillet, 21 juillet, 11 septembre, 24 septembre et 4 octobre). Les utilisations principales des aéronefs présents sont la liaison, la reconnaissance et un soutien aux essais. La force ALFA quitte Tahiti le 2 novembre pour rallier Toulon le 7 décembre. En 1968, une nouvelle force ALFA est constituée autour du Clémenceau. Elle embarque des avions, la 31 F sur HSS, la 22 S sur Alouette II et III ainsi que 4 Super Frelon de la 27 S qui resteront sur place. La force part de Toulon le 12 mars 1968, assiste à plusieurs essais (7 juillet, 15 juillet, 3 août et 24 août) et revient à Toulon le 12 décembre 1968. Les porte-avions ne repartiront pas assister aux essais. Des escadrilles et flottilles sont affectées spécialement dans le Pacifique pour suivre les essais. C’est le cas de la 27 S basée à Hao qui, à partir de 1968, sur Super Frelon, assiste le centre d’expérimentation nucléaire. Les hélicoptères de la 33 F au Tchad en 1970-71 : Les HSS de la 33 F n’ayant pas d’équivalents dans les autres armées, le Gouvernement demande dès 1968, date des premiers troubles provoqués par les rebelles dans le nord du Tchad, à la Marine d’étudier l’envoi de la 33 F dans ce pays. En 1970, l’opération est déclenchée. Les 12 HSS-1 de la 33 F embarquent sur l’Arromanches le 3 décembre pour Douala le 16. Le 18 décembre, la 33 F arrive à N’Djamena pour rallier le nord du Tchad, dans une région jouxtant la Libye. La mission pirncipale des HSS sera, pendant deux mois, l’héliportage de commandos dans ces régions hostiles aux frontières bien mal définies. D’ailleurs, en janvier 1971, un HSS criblé de balles est abattu : son équipage est sauf et l’appareil sera même réparé. La mission terminée, la 33 F embarque sur le Foch pour Toulon qu’elle retrouve le 12 avril 1971, dans son intégrité physique ! Les missions SAPHIR dans l’océan Indien en 1974-75 et 1977 : Ces missions eurent pour but de montrer la présence de la France le long des côtes occidentales de l’océan Indien lors de l’indépendance de territoires français. La force navale SAPHIR comprenait un porte-avions, le Clémenceau et plusieurs bâtiments, accompagnés d’avions et des flottilles 32 F (Super Frelon) et 33 F (HSS). La première mission appareille le 8 octobre 1974 pour rentrer le 25 mars 1975. Durant cette mission, les hélicoptères de la mission auront porter secours à la population de l’île Maurice victime d’un cyclone. La seconde mission d’avril à juin 1977 comprendra moins d’éléments aériens : elle embarquera des avions mais seulement 2 Alouette de la 23 S et 2 Super Frelon de la 32 F. Missions au Liban de 1982 à 1989 : OLIFANT : Quand, à partir de 1975, la situation devient explosive au Liban, en particulier à Beyrouth, la France engage sous couvert des Nations Unies une force d’interposition. La Marine prend part à ce déploiement pour assurer la surveillance des côtes en maintenant sur place plusieurs bâtiments : ce sont les missions OLIFANT. En septembre 82, c’est la mission OLIFANT IV : le Foch et son groupe aérien comprenant des avions, des détachements de la 32 F, de la 33 F (Super Frelon) et de la 23 S (Alouette) participent à l’évacuation momentanée du contingent français. Le 2 septembre 1983, le Foch repart pour la missions OLIFANT XVII. Le 9, la Résidence de France à Beyrouth est soumise à un bombardement tuant 5 personnes et en blessant 14. Les Super Frelon assurent l’évacuation des victimes. Le 29 septembre 1983, le Lynx 277 de retour d’une mission à Beyrouth s’abîmait en mer tuant 3 personnes. Lors de la mission OLIFANT XIX assurée par le Clémenceau, l’immeuble "Drakkar" occupé par le 1er RCP est touché par une voiture piégée causant la mort de 58 parachutistes. Ce sont les hélicoptères du porte-avions qui apportent les secours nécessaires et rapatrient les blessés à bord. La guerre du Golfe, 1990-91 : Le porte-avions Clémenceau part pour le Golfe mais avec des hélicoptères de l’ALAT. Seuls 2 Dauphin Pédro de la 23 S se joignent au dispositif complété par les frégate, elles-mêmes équipées de leurs hélicoptères. Ce sont ces frégates qui participent à l’embargo contre l’Irak. Les opérations en Adriatique : Depuis 1992, les hélicoptères de la Marine ont eu l’occasion de partir sur de nombreux théâtres d’opérations : BALBUZARD en Adriatique pour les Super Frelon de la 33 F embarqués sur TCD, SHARP GUARD pour le contrôle de l’embargo en Adriatique pour les Lynx embarqués sur des frégates, la Somalie, des missions d’assistance en Haïti ou lors de catastrophes naturelles, ALBA en Albanie pour la 33 F et tous les hélicoptères embarqués dans le groupe du Foch pendant l’opération TRIDENT au large de la Yougoslavie en 1999. Tableau des formations au 1er octobre 2001 ET MAINTENANT ? En 2002, la Marine a également engagé ses hélicoptères dans l'opération ENDURING FREEDOM (HERACLES) pour assurer la protection du porte-avions ou le contrôle des bâtiments de commerce en Océan Indien. Mais là, ce n’est plus de l’histoire mais de l’actualité… Depuis sa création, la composante hélicoptère de la Marine s’est montrée aux quatre coins du monde accompagnant sans cesse les bâtiments de la Royale payant parfois cher, par le sacrifice de vies humaines et de matériels, la difficile mission de paix qui lui était confiée. Tableau des formations au 1erseptembre 2007 Nota
: une bonne partie de ces informations provient de l'ouvrage de l'Amiral
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